Expositions collectives des Ou-X-Po
« Compléments sous contrainte », argumentaire
Peu de temps après la naissance de l’Ouvroir de littérature potentielle (Oulipo) fondé en 1960 par Raymond Queneau et François Le Lionnais, ce dernier inventa la notion d’ou-x-po en transposant à d’autres arts le concept de « potentiel ». Il réunit alors un premier Oupeinpo, pour explorer le potentiel en peinture (qui ne dura pas), tenta d’organiser un Oumupo, pour la musique, et appela de ses voeux la création d’un Oucinépo, pour le cinéma. Il alla même jusqu’à imaginer un Ouvroir de mathématique potentielle, initiant en cela un mouvement qui consiste à projeter le x central à l’acronyme, au delà des seuls Beaux-arts, à tous les champs de l’activité humaine.
Pour faire un Ouxpo, Il suffit, en effet, qu’au moins deux comparses se réunissent quelque part (l’ »ou » c’est pour « ouvroir », lieu où l’on oeuvre) dans l’intention d’explorer ce qu’il advient de leur champ d’activité (le « x ») lorsque on le soumet à certaines règles ou contraintes venues d’ailleurs. Cette exploration, placée traditionnellement sous la double égide des mathématiques et de la pataphysique, mêlant donc rigueur et imaginaire sans intention utilitaire affichée, sera alors qualifiée de potentielle (le « po »).
Les Ouxpos présentés ont choisi d’explorer ce que la notion mathématique de « complément », appliquée à leurs domaines respectifs, peut faire naître. Le complément « est ce qui n’est pas », le complément d’un ensemble étant ce qui ne se trouve pas dans cet ensemble. Il est le pendant de la négation, le complément d’un ensemble d’éléments vérifiant une propriété consistant d’éléments ne la vérifiant pas. Les personnes présentes portant un pull-over bleu forment le complément de celles qui portent un pull-over d’une autre couleur. Alors, où placer les personnes portant un pull-over à dominante bleue comportant d’autres couleurs ? En mathématique, gouvernée par une logique à deux valeurs « vrai » ou « faux », la question est vite tranchée. Ces personnes ne portent pas un pull-over bleu. Aussi l’ensemble et son complément se complètent-ils pour se réunir en un tout sans intersection possible entre les deux. On rejoint ainsi les notions d’intersection et de réunion (voir Boule et Bill) qui ont fait l’objet d’une exposition inter OuxPo antérieure à celle-ci.
Dans ces deux dernières expositions, le complément se conjugue sous diverses formes, étant parfois évoqué de manière implicite ou bien en perdant son sens par la proposition d’une troisième option, ce qui enfreint la règle de l’alternative oui/non. De quoi faire tourner la tête des visiteurs libres d’imaginer « leurs compléments » !
Exposition à la Sorbonne Art Gallery
30 septembre / 29 octobre 2024
Exposition de la Maison du citoyen et de la vie active de Fontenay-sous-Bois
26 mars / 06 avril 2024
Les Mots-gonds
Création Delphine Presles & l’Outranspo
Un mot-gond est un mot qui s’écrit de la même façon dans au moins deux langues, il permet ainsi de «faire gond» entre les langues.
Ex : «pain» signifie «douleur» en anglais et désigne l’aliment en français.
Version traduite sous forme de mobile.
Réalisation : Delphine Presles
Conception : Santiago Artozqui, Camille Bloomfield, Delphine Presles
Textes : Santiago Artozqui, Paolo Bellomo, Camille Bloomfield, Chris Clarke, Irène Gayraud
Les Aubergines
Une «aubergine» est un mot qui contient en son sein un autre mot + sa traduction. Ainsi le mot «aubergine», qui contient «auberge» et son équivalent anglais «inn», est le premier mot trouvé dans ce lexique et a donné son nom à la contrainte. Dans ce lexique restreint de «mots-aubergines» trouvés par l’Outranspo sur une idée de Ludivine Bouton-Kelly, on distingue les «aubergines pour l’oeil», uniquement visuelles, des «aubergines sonores», telles que:
«taxi» : «si» & «tak»
qui signifient « oui » en espagnol et enpolonais.
«silicone» : «silly» & «conne»
qui signifie conne en anglais.
Ont été exposées «auberge-inn» & «mer-sea» illustrées par Delphine Presles